Edito

La colère et les opportunités

C’est quand même bizarre : pendant les débats autour de la loi Santé, il ne se passait pas une semaine sans que le gouvernement ou l’Assemblée ne vienne mettre son nez dans nos commerces, avec une annonce plus spectaculaire que la précédente… Et maintenant qu’elle est votée, plus rien. Il va pourtant bien falloir la mettre en place, cette loi ! C’est bien gentil, de voter des choses : si c’est pour laisser les gens qu’elles concernent se débrouiller dès le vote terminé, autant ne rien voter du tout ! On nous a donné un calendrier d’application, du 20 mai prochain au 1er janvier 2017, et débrouille-toi avec ça ! Dans les faits, pas sûr que les choses soient aussi simples que ça… Et qu’est-ce qu’on fait des invendus ? On va passer au paquet neutre, puisqu’on n’a pas le choix, mais pour les paquets qui resteront de l’ancienne génération, qu’est-ce qui est prévu ? En 2003, quand les avertissements sanitaires étaient arrivés, il y avait eu une procédure de reprise des invendus, ce qui semble franchement normal… La profession a demandé aux Douanes de valider la mise en place d’une procédure similaire pour le paquet générique : on attend toujours la réponse… Le flou artistique autour de la mise en place concrète du paquet générique est la preuve que cette mesure, pour le gouvernement, c’était surtout du buzz. La loi est passée, le buzz a fonctionné, circulez, y’a plus rien à voir ! Mais quand on pense au mal que cette mesure va faire à notre profession, on se dit que ça fait cher le coup de buzz… Oh, les politiques, eux, ils s’en foutent : ils ne sont pas buralistes ! Mais nous, comment fait-on, maintenant qu’ils nous ont mis cette loi dans les pattes ? Attention ! Attention : l’inquiétude gronde, chez les buralistes ! L’inquiétude et la colère ! Lors de l’assemblée générale de la Chambre syndicale de Seine-Maritime, le 25 avril, c’était palpable… Et tout le mois dernier, quand je suis allé rendre visite aux buralistes de notre fédération : pareil, le même ras-le-bol ! Ce n’est pas que notre réseau manque de perspectives, loin de là : c’est que les buralistes en ont marre d’être déconsidérés. Et pourtant il y a de belles opportunités de développement pour nous. La cigarette électronique, par exemple… Maintenant que la folie des premiers mois est retombée, elle est devenue un produit comme un autre, qui est en train de revenir peu à peu dans notre réseau. Les cigarettiers se saisissent du dossier – la Seita avec sa Blu, JTI avec la Logic, BAT avec la Vype… Profitons-en ! Notre réseau ne manque pas d’atouts, mais il faut qu’il prenne son avenir en main, pour redevenir le premier commerce de proximité du pays. Dans ce numéro, nous avons donné la parole à Francis Palombi, président de la Confédération des Commerçants de France : il ne dit pas autre chose. Pour lui, la proximité ne peut pas se faire sans les buralistes. A nous de lui donner raison ! Dans ce numéro, nous rendrons un hommage tout particulier à l’homme de presse, Michel Burton, décédé à l’âge de 70 ans, le 20 avril dernier, à Paris.

Bernard Gasq