Depuis des années, on se bat contre le paquet neutre. On a expliqué mille fois qu’il ne servirait à rien, qu’il enverrait un message très négatif à la profession, qu’il ne ferait que favoriser le marché parallèle, créer une difficulté supplémentaire pour les buralistes et faire baisser la perception des taxes liées à la vente du tabac par l’Etat. Des députés, des sénateurs nous ont soutenus. Le réseau s’est mobilisé. Et malgré tout, mercredi 25 novembre, l’Assemblée a voté en faveur de cette loi. C’est un coup dur pour la profession et une belle victoire pour le marché noir – Marisol Touraine peut être fière d’elle ! Ce n’est pourtant pas faute d’avoir fait entendre nos arguments : le 2 novembre, on avait même organisé une grande manifestation en multiplex dans toute la France. Pas moins de 6400 buralistes y ont participé. Rien qu’à Paris, la Mutualité, qui contient 1500 places, affichait complet, à quelques sièges près. Contre cette loi inique, on s’est bougé ! Ca rend le résultat d’autant plus injuste. Dégueulasse, même. Et quand je dis qu’on s’est bougé, je ne pense pas seulement à cette manifestation : je pense au travail qu’on accomplit, tous, dans nos bureaux de tabac, jour après jour, à bosser sans compter les heures pour créer du lien social, égayer la journée de nos concitoyens, faire vivre nos commerces, embaucher... C’est une médaille, qu’on mériterait ! Et au lieu de ça… Prenez Mme Bouteiller, une collègue d’Envronville, en Seine-Maritime, lauréate du Trophée de la Proximité 2015 – elle mérite mieux que ces ministres, qui passent la moitié de leur journée à vanter les mérites de la proximité et l’autre moitié à détruire le premier commerce de proximité de France ! Et Cyril Gameiro, collègue de Bruyères-le-Châtel qui nous fait visiter ses cuisines dans ce numéro… Et tous les collègues que je suis allé voir le mois dernier, à Fécamp, du côté du Havre… Je vais vous dire : nos gouvernants ne nous méritent pas. Ils ne méritent pas tout le mal qu’on se donne. Ils font des lois sans savoir de quoi ils parlent, sans nous consulter, sans nous écouter… Les zones touristiques, par exemple : c’est le sujet de notre dossier ce mois-ci. Très bien, les zones touristiques, avec le dimanche travaillé, mais qu’est-ce qu’on a prévu pour les collègues juste en dehors de ces zones ? Rien, comme toujours. Et ça manque. Et si encore le reste roulait, mais non, à ça il faut encore ajouter l’insécurité grandissante, avec les buralistes aux premières loges ! Nous reparlerons d’ailleurs dans ces pages du site Cespplussur, créé par la Préfecture de police : inscrivez-vous, le site est bien fait et vous recevrez des alertes qui peuvent permettre d’éviter de mauvaises expériences. Il va pourtant bien falloir qu’un jour, nos gouvernants descendent de leur piédestal et prennent la mesure de ce que nous vivons au quotidien. Alors ils comprendront que leur boulot, ce n’est pas d’enfoncer les buralistes, de menacer nos emplois, de briser nos commerces : c’est de nous aider. C’est pour ça qu’ils ont été élus, il serait grand temps qu’ils s’en rappellent.
Bernard Gasq
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